Renseignements sur le peintre
Bernard Buffet est né le 10 juillet 1928 à Paris. Membre du mouvement Expressionniste, il fit aussi bien des personnages que des figures, des animaux, des paysages, des fleurs, des représentations de la nudité ou encore des natures mortes. Il commença à peindre et à dessiner à 10 ans. A l’âge de 15 ans il passa le concours et rentra à l’École des Beaux-arts de Paris, où il intégra l’atelier Eugène Narbonne. Il débuta à la galerie des beaux-arts au salon des moins de 30 ans avec un autoportrait. Il exposa ses œuvres l’année suivante au salon des Indépendants L’homme accoudé. Il connut son premier gros succès en juin 1948 au concours avec Deux hommes dans une chambre pour le Prix de la critique (c’était à ce moment la première édition). Il se suicida le 4 octobre 1999 à 71 ans.
Renseignements sur l’œuvre
Cette œuvre de Bernard Buffet étant plus récente, on ne trouve que très peu d’informations à son sujet.
Elle date de 1993 et se nomme Ulysse et les sirènes. Cette huile sur toile de 2.30m de haut et de 4.55m de long a été réalisée pendant le courant artistique de l'Expressionnisme. Ce mouvement artistique figuratif est apparu au début du XXe siècle, notamment en Europe du Nord en Allemagne. Il ne cherche pas à montrer le monde tel qu’il est, contrairement au Réalisme, mais plutôt à l’exprimer. L'Expressionnisme a touché différents domaines comme la peinture, l’architecture, la littérature, le théâtre, le cinéma, la musique et toutes sortes d’art. Cependant, ce mouvement fut condamné par le régime nazi car il le considérait comme un “art dégénéré”.
Plus en profondeur, ce mouvement est marqué à travers le thème du corps, du portrait, allant jusqu’à la distorsion des traits, ce qui correspond au style de Bernard Buffet. De ce style en découle d’ailleurs son système pictural, notamment les réseaux de lignes droites et sèches de ses œuvres.
Le mythe/les personnages
Ulysse, héros de la mythologie grecque, est notamment mis en valeur dans l'œuvre d’Homère, l’Odyssée, dont il est le personnage clé.
Dans son voyage de plusieurs périples, après avoir quitté l’île de Circé, il parvient dans les lieux où se trouvent les Sirènes.
Les Sirènes, de redoutables créatures mythiques, sont notamment connues pour leur chant envoûtant qui invite les marins à se jeter à l’eau et à se noyer pour qu’elles puissent ensuite les dévorer. Leur description physique divise, elle seraient des corps mi-femmes mi-oiseaux mais certains mythes les décrivent comme mi-femme mi-poisson. Dans les deux cas, cet hybridisme leur fut infligé comme punition.
Dans l’Odyssée (au chant XII), Ulysse, guidé par Circé, met en place un stratagème pour franchir les Sirènes sans tomber dans leur piège : Ulysse est attaché solidement par des cordes au mât par ses compagnons d’équipage, qui se sont bouché les oreilles avec de la cire. Le navire arriva à portée des Sirènes. Le conseil de Circée fit ses preuves, Ulysse dut certes se faire rajouter des cordes pour vaincre le désir et les belles voix poussées par ces êtres; mais cet obstacle fut passé haut la main.
Analyse de l’œuvre
L'œuvre de Buffet est assez monoplane d’un point de vue artistique, en effet son premier plan concentre presque l’ensemble des éléments du tableau.
Nous pouvons voir au premier plan une étendue d’eau avec des vagues de taille moyenne aux reflets blanc et bleu sale. Nous pouvons distinguer trois êtres, composés d’un corps d’oiseau pour la moitié inférieur, et d’un corps de femme pour la moitié supérieure. Leur trois silhouettes sont d’apparences similaires : des pattes et griffes acérées et un corps de couleur beige a blanc écru mais au teint mate et non de plumes, au milieu duquel on identifie un nombril, des ailes blanches et sales sur lesquelles on peut reconnaitre des plumes, deux seins au milieu du buste, puis une tête à l’expression triste et méprisante. Ils sont coiffées d’un bandeau blanc en tissus, et d’une coiffure courte aux cheveux noir de geai. L’une (au milieu) a les ailes dépliées, l’autre (à droite) est sur l’eau et a l’air de marcher dessus, la dernière (à gauche) a les ailes repliées et a l’air de flotter dans l’air. Ce sont des sirènes. Au centre, pièce maîtresse du tableau, on distingue très clairement un bateau de bois noir d’ébène, dont les mâts sont repliés; un dessin blanc s’apparentant à un œil est dessiné sur la proue. A l’intérieur, trois hommes, à la peau apparente, sale et grise voire aux reflets verts, et dont on ne distingue que le haut du corps, prennent en main des rames également en bois. À l'exception du plus à droite qui regarde derrière lui, ils regardent tous un homme attaché. Il se tient debout, enlacé par une corde, il fixe le ciel avec un air désespéré. Seul un bout de tissu le parcourt en diagonale et lui sert d’habit. Une des créatures le regarde d’ailleurs fixement. On peut voir des ossements, sur la gauche du plan, d’un squelette coupé en trois parties.
Nous pouvons voir au second plan sur la gauche une falaise grise de roche, avec un tapis d’herbe vert kaki sur le dessus, en pente, ce qui rend le vert majoritaire sur cette falaise. La créature la plus à gauche a d'ailleurs l’air de s’y percher, ce doit être un effet d’optique voulu par le peintre. Dans le reste du plan, on ne distingue que l’étendue vaste et monotone de la mer.
Le ciel constitue l'arrière-plan du tableau. Quelques amas de gris en guise de nuages, un teint verdâtre pour la voûte céleste. Pas de bleu, ni de Soleil; c’est à se demander si la scène se déroule de jour ou de nuit.La clarté des sirènes sur le fond triste et sombre, en plus de leurs imposantes silhouettes, les mettent en avant sur le tableau. Ces dernières, en plus de la houle des vagues, sont les seules marques de couleur claire sur le tableau. Le reste, voire le tableau lui-même dans son entièreté, garde un aspect triste, terne, sombre.
Le nom du tableau reflète la scène représentée; il s’agit bien sûr de l'Odyssée, au moment où Ulysse rencontre les sirènes maléfiques au large de la Sicile actuelle (voir la partie mythe et personnages pour plus de détails). La falaise est donc leur rocher, les créatures les Sirènes, l’homme attaché Ulysse, et le navire l'Odysseus. Les ossements rappellent la cruauté des Sirènes, qui attirent par leur chant enivrant les hommes perdus pour les dévorer, ce doit donc être les restes d’un homme leur ayant servi de repas. Le peintre a, de part les apparences et la scène qu’il a peintes, figé sa volonté de “mettre à jour” un mythe, il inscrit la scène incontournable de l’Odyssée d’Homère dans son style pictural. Le choix de l’artiste fut probablement de mettre en peinture son goût pour l’antiquité grecque, et il a ainsi voulu dépoussiérer ce vieil ouvrage en représentant une scène qui vient tout de suite en mémoire dès lors que nous parlons de l’Odyssée de façon contemporaine, récente et nouvelle. Pour représenter l’Odyssée, nulle autre solution que de peindre Ulysse, et pour insister sur la connaissance actuelle de celle-ci, la scène des Sirènes.
SOURCES :
- www.buffet-bernard.org;
- www.museebernardbuffet.com;
- www.buffet-bernard.com;
- wikipedia.org/wiki/Bernard_Buffet
l’Odyssée, Homère